Quelques enjeux et défis pour le synode des jeunes
Quelques enjeux et défis pour le synode des jeunes
Mercredi 3
octobre s’ouvrira le synode des évêques sur « les jeunes, la foi et le
discernement vocationnel ». Celui-ci se déroulera à Rome du 3 au 28
octobre sous la présidence du Pape François en présence de représentants du
monde entier. Après deux ans de préparation marqués par divers processus et
démarches de consultation afin de permettre une réelle écoute des jeunes
eux-mêmes, ce temps fort de prière, d’écoute, d’échanges et de discernement
prendra appui sur la nouvelle constitution apostolique sur le Synode des Evêques
Episcopalis communio publiée récemment par le Pape François. Voulu dans la
continuité des deux synodes sur la famille, ce synode ordinaire - temps
ecclésial privilégié de « marche ensemble » à l’écoute de l’Esprit - s’inscrit
comme une étape importante de la dynamique de transformation missionnaire de
l’Eglise portée par le Pape François et souhaitée par de très nombreux fidèles
et pasteurs. Il prend place dans un moment historique particulier de
« changement d’époque » accélérant les décalages générationnels. Mais
aussi dans une actualité ecclésiale marquée par la crise des abus. Dans ce
contexte, voici ce que je perçois comme enjeux et défis majeurs pour ce synode
des jeunes.
1.
Premier enjeu : vivre le synode comme un
processus de discernement à l’écoute de l’Esprit dans une recherche de
communion et de service du bien commun
ü
Un enjeu autour de la manière de vivre l’unité dans la diversité de
l’ordre d’une communion polyédrique Je me réfère ici à
l’image polyèdre donnée par le Pape François dans Evangelii Gaudium et citée
dès le début de l’Instrumentum Laboris pour ce synode (IL[1]
10). Sans doute est-ce une grâce de
la jeune génération ayant grandi dans une pluralité qui lui est naturelle de
valoriser la diversité. Les jeunes, comme nous l’avons expérimenté fortement au
pré-synode, nous montrent en effet la
possibilité d’articuler les différences sans les nier, tout en cherchant ce qui
unit au-delà de ces différences. Ces jeunes du monde pluriel porteurs d’identités
« mosaïques » ont, me semble-t-il, une capacité plus grande que les
générations précédentes dans l’Eglise à vivre et nommer leurs désaccords de
manière paisible. Ils nous invitent ainsi à oser davantage le débat et à vivre
plus naturellement et aisément la diversité et la pluralité comme ils
l’expriment ainsi au §2 du DFPS[2]
« Les jeunes essaient de donner
du sens à un monde très compliqué aux réalités diverses. (…) Beaucoup de jeunes
ont l’habitude de voir la diversité comme une richesse et une opportunité. Le
multiculturalisme peut créer un environnement favorable au dialogue et à la
tolérance. Nous valorisons la diversité d’idées dans notre monde globalisé, le
respect de la pensée des autres et leur liberté d’expression. Toutefois, nous
souhaitons préserver notre identité culturelle et éviter l’uniformité et la
culture du déchet. Nous ne devrions pas craindre notre diversité, mais célébrer
nos différences et ce qui nous rend singulier, pour construire des relations
profondes. »
ü
En cette étape actuelle de
l’Eglise plongée dans un monde globalisé avec une pluralité croissante qui
n’est pas sans créer aussi de fortes tensions internes, m’apparait comme un enjeu majeur pour ce synode - et pour toute
l’Eglise - de déployer encore davantage la synodalité dans le processus
synodal lui-même et à tous les niveaux. Car la synodalité, comme manière de
vivre l’Eglise dans une dynamique missionnaire et un mouvement de marche
ensemble fondé sur une écoute réciproque est certainement une clé pour vivre
l’unité aujourd’hui. En effet, la synodalité exprime la vocation de l’Eglise à
réaliser une unité d’une manière différente (enracinée dans le mystère
trinitaire) de ce que nos vues humaines peuvent imaginer et construire. Et
celle-ci peut se révéler particulièrement prophétique pour nos sociétés dans le
contexte actuel de sécularisation et d’individualisation qui met souvent à mal
du vivre-ensemble. Le Pape François nous le rappelle dans un des textes clés de
son pontificat : « la synodalité est une dimension constitutive de
l’Eglise. »[3] Elle vise
à chercher « le consensus comme avènement d’une symphonie dans laquelle
les voix s’unissent dans l’hymne polyphonique de la paix. » selon
l’expression du théologien italien Ruggieri. La synodalité nous dit que
l’Eglise est une réalité dynamique, une communion qui ne se réalise que dans la
mise en mouvement d’une « sortie missionnaire »… En résumé, la synodalité
est finalement la manière d’être l’Eglise dans l’histoire et dans le monde
fragmenté d’aujourd’hui.
ü
Dans cette perspective, l’enjeu de
ce synode avec les accents nouveaux donnés par la nouvelle Constitution
apostolique « Episcopalis communio » est d’approfondir la dynamique d’écoute des jeunes qui s’est déployée
pendant tout le processus de préparation en prenant au sérieux leurs paroles et
leurs cris pour écouter vraiment ce que l’Esprit dit à l’Eglise à travers eux.
Cette écoute sera aussi de l’ordre de l’écoute réciproque des membres du synode
tant dans les temps en assemblée plénière que dans les moments importants de
travail en petits groupes linguistiques. « Une église synodale est une
église de l’écoute »[4].
Ce synode verra pour la première fois la présence de trente-cinq jeunes comme
auditeurs au cœur de l’assemblée. Le défi sera donc que cette écoute des jeunes
par les pasteurs, bien amorcée dans la phase préparatoire, se poursuive réellement
et s’approfondisse car l’enjeu du synode touche au discernement des signes des
temps, c’est-à-dire au discernement des appels de l’Esprit pour aujourd’hui
dans une visée missionnaire. Le défi de
ce synode est donc que les membres du synode se laissent sans crainte bousculer
par l’Esprit-Saint qui nous parle à travers la voix et les cris des jeunes afin
de revivifier l’Eglise et de lui donner une nouvelle jeunesse (Cf IL §1 en lien
avec le message de Paul VI aux jeunes à la fin du Concile Vatican II en 1965.)
ü
Apparait donc comme enjeu majeur pour ce synode, l’enjeu qu’il mette en
premier la visée missionnaire et non pas d’abord des
questions d’organisation interne !! Ce
synode est d’abord pour le monde, pour la mission au service de tous les
jeunes afin de mieux « prendre soin » des jeunes. Ce synode doit
aider l’Eglise à discerner comment mieux rejoindre les 16-29 ans en dessinant
des chemins pour les aider à discerner et s’engager au service des autres. Car les
jeunes, dans ce monde actuel en pleine mutation, sont des acteurs clés de la
transformation du monde. S’ils sont bien accompagnés, ils inventeront les solutions
pour sortir des impasses et crises actuelles. Ce synode doit donc permettre à
l’Eglise de mieux comprendre la situation des jeunes aujourd’hui, leurs
réalités à la fois communes et diverses, et les nombreux défis qu’ils ont à
relever. Et ce pour en avoir une perception plus fine afin de discerner comment
mieux les accompagner sur leur chemin de vie. Le défi du synode est donc de
discerner plus concrètement le style et les chemins que peut prendre mission de
l’Eglise auprès des jeunes dans le monde de ce temps, et cela ne peut se faire
sans les jeunes eux-mêmes, car ils sont les premiers évangélisateurs des
jeunes. Les fruits attendus du synode sont avant-tout pour le monde, et notamment
pour les jeunes les plus éloignés de l’Eglise et pour les jeunes des
« périphéries » les plus souffrants et marginalisés. (cf IL Partie I
ch 3. sur la culture du déchet qui met le focus sur les jeunes exclus,
discriminés, souffrants… jeunes migrants)
2.
Deuxième enjeu : la réforme même de
l’Eglise
ü
Ce synode peut sans doute être un moteur pour la réforme actuelle de
l’Eglise portée par le Pape François afin de poursuivre la réception de Vatican
II. Ce synode va se vivre dans un contexte
historique particulier, marqué notamment par la grave crise des abus sexuels.
Cette crise qui met en lumière tant de tragédies et nous demande d’écouter
vraiment avec compassion les souffrances incommensurables des victimes pour
trouver les chemins qui aideront à guérir et à prévenir pour faire de l’Eglise
une maison sure pour les enfants et jeunes, est aussi une chance. Car, d’une
certaine manière, cette crise nous montre l’urgence de bouger et se réformer. Un
enjeu central du synode est donc celui de la conversion, conversion à la fois
personnelle et communautaire, car il n’y pas de réforme de l’Eglise sans
conversion.
ü
Ma conviction forte est que ce synode est déjà et sera un moteur pour
cette nécessaire réforme de l’Eglise car la vision de
l’Eglise dessinée par les jeunes, notamment dans le document final du
pré-synode (« une église relationnelle est une église attractive), rejoint
celle exprimée par le Pape François visant à « décléricaliser »
l’Eglise. L’enjeu de ce synode est donc de contribuer à dessiner cette nouvelle
figure d’Eglise pour aujourd’hui dans le souffle de Vatican II :
Eglise en sortie où tous sont disciples missionnaires, c’est-à-dire une église
plus synodale et collégiale, plus proche, plus accueillante, plus authentique, plus
proche, plus miséricordieuse… une église plus inclusive, plus à l’écoute, plus
en dialogue… Une église authentique enracinée dans le Christ, qui met
l’Evangile au centre, mais reconnait sa vulnérabilité et son humanité
faillible. Une Eglise où tous marchent ensemble et osent partager aux autres avec
simplicité et humilité le trésor de la foi : « En
définitive, beaucoup d’entre nous veulent vraiment connaître Jésus, et
cependant nous avons du mal à réaliser que Lui Seul est la source de la vraie
découverte de soi. (…) C’est pourquoi, les jeunes veulent rencontrer des
témoins authentiques, des hommes et des femmes qui expriment leur foi et leur
relation avec Jésus de façon vivante et dynamique, encourageant les autres à
approcher, rencontrer et tomber amoureux de Jésus. » DFPS §5.
ü
Ce synode doit finalement permettre à chacun d’approfondir sa propre
vocation et à toute l’Eglise d’approfondir sa propre vocation. En effet, mon expérience en pastorale des vocations m’a appris qu’on ne
peut parler de discernement vocationnel en extériorité. Vivre et penser la
mission comme service du discernement vocationnel des plus jeunes[5]
- les responsables et animateurs en pastorale des vocations le savent bien - fait
travailler sur sa propre identité, sa propre vocation. Servir les vocations transforme
et invite à approfondir et discerner toujours davantage sa propre vocation. Car
la vocation n’est jamais statique, c’est de l’ordre d’une identité dynamique toujours
en construction, dans un processus permanent de discernement. L’IL nous le dit
très bien au §111 : « le discernement est un style de vie », une
manière de vivre la vie chrétienne dans un mouvement dynamique. La vocation est
un profond chemin pascal qui ne se fait pas sans peine, sans combats, sans mort
à soi-même… Mais c’est un chemin de vie et de liberté. Ce synode sur le
discernement vocationnel appelle sans doute l’Eglise à devenir plus libre, plus
audacieuse, plus évangélique et plus missionnaire en osant inventer de
nouvelles formes de présence et proximité (cf IL 138)
ü L’enjeu de ce synode c’est
donc la transformation missionnaire de l’Eglise dans la dynamique d’Evangelii
Gaudium, GPS pour la mission aujourd’hui. (Cf IL 140
en référence à EG). Ce synode verra me
semble-t-il se déployer une recherche de
créativité pastorale pour dessiner des orientations pour la mission auprès
des jeunes. Je vois en particulier 3 points :
o
Marquer une option prioritaire pour la mise en œuvre de Laudato Si. Les jeunes sont particulièrement sensibles aux questions d’écologie et
de justice sociale. Beaucoup sont très
préoccupés de l’avenir de notre maison commune et s’interrogent sur ce qu’il
faut changer et faire. Les jeunes attendent très clairement une Église plus
explicitement et plus concrètement « Laudato si’ ». En France, ils
nous l’ont très fortement exprimé lors d’un WE de préparation de ce synode avec
les pères synodaux sur l’IL en août dernier comme ils l’avaient exprimé au
pré-synode. Ainisi au §3 du DFPS « C’est pour cette raison que
les jeunes veulent s’engager et prendre part aux débats sur la Justice Sociale.
Nous voulons travailler à la construction d’un monde meilleur. A cet égard, la
Doctrine Sociale de l’Eglise est un outil pertinent pour les jeunes catholiques
qui s’interrogent sur leur vocation et leurs engagements. Nous voulons un monde
de paix, qui allie l’écologie intégrale au développement global et durable de
l’économie. » Les jeunes
attendent que l’Eglise soit modélisante dans ses pratiques concrètes par rapport
à la vision portée par Laudato Si. Aura-t-on un synode avec le label
« Eglise verte » ??
o
Ecouter,
rejoindre et accompagner les jeunes là où ils sont… Cela touche au défi de la nécessaire
inculturation pour annoncer l’Evangile dans les codes et langages des jeunes,
en apprenant à parler leurs langages… On peut pointer ici notamment l’enjeu
de prendre en compte culture numérique, en mesurant l’impact d’internet et des
nouvelles technologies, mais aussi leur valorisation des valeurs d’expressivité
et d’authenticité. L’enjeu apparait ici comme celui de
rendre le christianisme plus accessible, moins éloigné des préoccupations des
jeunes, moins distant… en cherchant à les rejoindre dans leurs expériences de
vie et leurs questions existentielles, et non pas en leur présentant un idéal abstrait
inaccessible… Cela demande de déployer la posture clé de l’accompagnement dans
une attitude d’écoute et de dialogue qui les accueille tels qu’ils sont avec
leurs richesses et leurs vulnérabilités. Cf DFPS §15. « L’Eglise
doit adopter un langage qui tienne compte des codes et cultures des jeunes pour
que toutes les personnes aient l’opportunité d’entendre le message de l’Evangile.
Nous mettons cependant en avant des expressions ecclésiales différentes. ».
On peut ici pointer 3 lieux clés pour les jeunes aujourd’hui bien abordés
dans l’IL qui sont une invitation à faire preuve d’inventivité pour déployer
des propositions pastorales dans ces champs que sont : le corps et la
sexualité, la musique, le sport.
o
Est ici mis en lumière la question centrale de l’accompagnement (cf IL II.4 sur l’art d’accompagner) et de la formation (attentes d’une Église qui éduque, qui dispense une formation intégrale) car le défi majeur pour les jeunes aujourd’hui
est la construction de leur identité plurielle et la question des choix. Dans
le monde complexe et mouvant qui leur fait expérimenter fortement la précarité
et l’incertitude, ils ont besoin de guides, d’accompagnateurs, de figures de
références, de « mentors », de « role models »…. Dans le
DFPS ils ont exprimé avec force leur besoin de leaders humbles, vulnérables et
inspirants… En effet, les jeunes ne peuvent se construire et grandir sans figures
d’ainés dans la vie et dans la foi. Ils
recherchent des hommes et femmes fiables
mais non infaillibles. Pour avancer dans la vie et tenir à travers les
difficultés, ils ont besoin de compagnons d’espérance, des adultes qui tiennent
leur place d’adultes, qui leur disent que la vie est toujours possible. Cette
génération a besoin d’empowerment. D’où leur recherche de guides, de mentors,
de figures de référence … Ces jeunes, très divers, ont besoin d’une pluralité
de modèles. Hommes et femmes, ils ont ainsi besoin de voir en responsabilité
pastorale des hommes et des femmes, des laïcs, religieux(ses) et prêtres… DFPS §10 «Le rôle
d’accompagnateur ne doit pas être limité aux prêtres et aux consacrés, mais les
laïcs doivent être encouragés à prendre aussi part à cette mission. Tous
devraient bénéficier d’une sérieuse formation initiale et continue. C’est pourquoi, comme l’exprime P. Bordeyne, théologien et recteur de
l’Université catholique de Paris, dans son commentaire de l’IL « les
formes de leadership doivent être repensées pour que les jeunes et les femmes y
aient davantage accès, dans une église plus synodale ».
o
Ce synode des jeunes vient donc en particulier
poser la question des femmes et de leur place dans l’Eglise car
la phase de consultation a montré combien la question du discernement vocationnel
apparait plus compliquée pour les jeunes femmes. cf DFPS §5 « L’Eglise peut
jouer un rôle vital pour s’assurer que les jeunes ne soient pas marginalisés
mais se sentent accueillis. Elle peut effectivement jouer ce rôle quand elle
promeut la dignité des femmes, à la fois dans l’Eglise et dans la société en
général. Aujourd’hui, le constat que les femmes n’ont pas une place équivalente
à celle des hommes reste un problème dans la société. C’est également vrai dans
l’Eglise. Il existe de beaux exemples de femmes consacrées et responsables dans
les communautés religieuses. Cependant, pour les jeunes femmes, ce n’est pas
toujours visible. Une question clé des réflexions de nos groupes a porté sur
les lieux où les femmes peuvent s’épanouir dans l’Eglise et la société.
L’Eglise peut aborder ces problèmes et débattre sur ce sujet avec un esprit
ouvert à des idées et des expériences diverses. » En
effet, la question féminine est une des plus caractéristiques de notre époque.
Elle est un signe des temps, car le 20ème siècle a vu une évolution
spectaculaire de la condition de la femme, même si en bien des lieux un
important chemin reste à faire pour permettre traduire en pratique l’égale dignité
des hommes et des femmes dans des formes concrètes de relations plus paritaires
et égalitaires. En fait, la question de la place des femmes est pour moi plutôt
celle des relations et de la collaboration hommes/femmes dans la société et
dans l’Eglise. En effet, on assiste à une nouvelle donne hommes/femmes dans la
société et cela pose donc la question d’une nouvelle donne aussi dans l’Eglise.
D’où l’enjeu majeur actuel du dialogue, du partenariat, de la collaboration
hommes/femmes à tous les niveaux dans l’Eglise. Cet enjeu n’est pas d’abord un
enjeu interne mais un enjeu pour la mission. Dans notre monde contemporain plus
paritaire, où la plupart des jeunes grandissent dans une mixité naturelle, il
leur est de plus en plus difficile d’accepter une église qui ne donne pas assez
sa place aux femmes ou qui ne rend pas davantage visibles et lisibles leurs
rôles et responsabilités effectives… Cela a été exprimé très fortement dans le
document final du pré-synode[6].
Pour moi cela pose surtout la question du travail en équipe et de l’enjeu clé
de la collaboration dans la mission au service des jeunes.
o
Le défi ici est en fait celui de la mise en œuvre d’une vraie
coresponsabilité pour former et favoriser des équipes d’animation plurielles en impliquant en premier lieu des jeunes eux-mêmes (enjeu clé de la
mise en responsabilité des jeunes), mais aussi des personnes exprimant la
diversité des vocations, ainsi qu’une manière de travailler en équipe mixte
dans un vrai partenariat hommes/femmes. En effet, le travail en équipe dans
tous les lieux de pastorale des jeunes, m’apparait fondamental d’autant que les
jeunes aiment le travail en équipe, et qu’il est toujours plus riche de croiser
les regards, de leur proposer des visages de références pluriels. La question
clé pour la mission auprès des jeunes devient donc celle de l’appel, de la
formation et du soutien d’adultes éducateurs, aumôniers, formateurs,
accompagnateurs qui tiennent leur place d’adultes pour écouter et guider les
jeunes dans un style relationnel qui s’appuie sur une manière de faire
collégiale.
Conclusion
Finalement le défi majeur du synode est-il sans doute le défi
de la synodalité, qui m’apparait comme une clé de l’évangélisation des jeunes,
et plus largement une clé pour l’Eglise aujourd’hui. Car
pour le présent et l’avenir de la société et de l’Eglise d’aujourd’hui, il y a
urgence à relever le défi du dialogue intergénérationnel afin de réduire le gap
entre les générations, et de permettre l’intégration pleine des jeunes dans la
société – notamment par le travail qui reste lieu-clé d’insertion fondamental-
et dans l’Eglise en leur donnant d’être réellement protagonistes, sujets
acteurs, en osant leur donner les responsabilités auxquelles ils aspirent.
Enfin,
j’évoquerai pour terminer comme défi important pour ce synode celui de la
communication à l’ère des réseaux sociaux. Comment traduire en termes
médiatiques la dynamique ecclésiale et spirituelle propre qui touche au mystère
de la trinité, cette démarche synodale de discernement au service du bien
commun et de la communion qui est de l’ordre d’une expérience de foi qui est le
mystère même de l’Eglise, corps du
Christ ? Cela n’est pas simple ! Mais dans la logique du mystère de
l’Incarnation, l’Eglise, plongée dans la société médiatique et dans culture post-moderne
numérique se doit de relever ce défi de la communication. Et donc d’entrer en
dialogue, d’expliciter et mettre mots simples et compréhensible sur cette
expérience du synode…
Sr Nathalie Becquart, xavière,
Auditrice au synode
Rome, 28 septembre 2018
[1] IL = Instrumentum Laboris
[2] DPFP = Document final du pré-synode
[3] Discours du Pape
François pour la commémoration du 50ème anniversaire de l’institution du synode
des Evêques, 17 octobre 2015.
ü
[5] Ce que Philippe Bordeyne,
théologien et expert au synode, interprète comme « la thèse centrale de
l’IL, à savoir que l’Église est une communauté orientée vers le discernement
vocationnel, où l’on s’épaule mutuellement à rester fidèle au kérygme et à la
volonté de Dieu dans le concret de nos vies. »
[6] On pourra noter ici que dans l’IL la question des femmes est insérée
dans le paragraphe 48 sur les discriminations : « Une attention
spécifique est réservée par la RP (réunion pré-synodale) aux formes de
discrimination qui frappent les jeunes femmes, y compris dans le milieu
ecclésial : « le constat que les femmes n’ont pas une place
équivalente à celle des hommes reste un problème dans la société. C’est également
vrai dans l’Église » (RP 5). Les jeunes se demandent donc « où les femmes
peuvent s’épanouir dans l’Église et la société » (RP 5), tout en ayant
conscience que « L’Église peut aborder ces problèmes et débattre sur ce
sujet avec un esprit ouvert à des idées et des expériences diverses » (RP
5). » Et en IL 70 sur « une église plus relationnelle » :
« Une autre exigence concerne l’adoption d’un style de dialogue
intra-ecclésial et extra-ecclésial: les jeunes considèrent nécessaire d’aborder
certaines questions difficiles de notre temps, telles que par exemple la
reconnaissance et la valorisation du rôle de la femme dans l’Église et dans la
société. »
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