Retour sur ce début de synode en 3 images
1 - Emmaüs
Au début de l’Instrumentum
Laboris (texte de l’instrument de travail qui sert de base aux travaux du
synode), l’objectif du synode est exprimé ainsi:
L’image donnée comme modèle de
l’accompagnement des jeunes est celle d’Emmaüs, image que nous utilisons
souvent d’ailleurs dans la pastorale des jeunes ; Cette image a pris une force
particulière pour moi en ces premiers jours de synode. J’ai vraiment
l’impression que le Christ marche avec nous ici dans une grande proximité comme
avec ses deux disciples d’Emmaüs. Dans les interventions des pères synodaux
s’expriment de manière humble et réaliste les joies et les aspirations mais
aussi les souffrances des jeunes, leurs peines et leurs difficultés. Dans cet exercice synodal de discernement
se vit une forme de relecture des pratiques ecclésiales qui donne à e les
recherches, les propositions mais aussi toutes les difficultés de l’Eglise à
rejoindre les jeunes dans ce monde actuel. Difficultés à faire face aux
changements en cours, reconnaissance réaliste des problèmes existants, des
faiblesses et pauvretés ecclésiales, de l’horreur des abus commis, des manques
et échecs … J’ai l’impression qu’en entrant dans ce processus de discernement qu’est
le synode avec cette première phase du « reconnaître », titre de la partie 1 de
l’Instrumentum Laboris, qui correspond à la première étape de nos travaux, on
perçoit une démarche qui en mettant au centre l’écoute des jeunes fait vivre à
l’Eglise un chemin de prise en compte réaliste de la réalité, un chemin de
vérité qui se fait chemin de conversion. Je vois ici une église humble qui
reconnait ses fragilités, une église plongée dans la réalité humaine jusqu’en
ses tréfonds, une église qui peut regarder les jeunes sans peurs parce
qu’enracinée dans la confiance en Celui qui est le Sauveur…
Dans cette marche ensemble qu’est le synode, nous sommes les disciples
d’Emmaüs qui exprimons l’inconnu venu nous rejoindre ce qui habite nos cœurs
désemparés en ce temps où l’Eglise affronte crises et tempêtes. Mais nous
sommes aussi comme le Christ qui marche avec les jeunes et écoute leurs cris et
souffrances qui ne manquent pas de retentir dans la salle synodale. Cris et
souffrances qui viennent toucher nos cœurs jusqu’à parfois faire jaillir des
larmes… Un synode c’est aussi de l’émotion, des mouvements intérieurs, des
sourires, des partages et des rencontres qui ne laissent pas indifférents…Au
long de ces jours, tant de visages de jeunes rencontrés, écoutés me reviennent en
mémoire. Ce synode que j’essaie de vivre avec une attitude profonde d’écoute de
l’Esprit Saint en m’appuyant sur mon expérience de discernement des esprits
forgée par la spiritualité ignatienne me donne de vivre quelque chose des
Exercices spirituels… Il m’apparait comme une grande retraite et me donne
finalement de démarrer déjà la relecture de mes années en pastorale des jeunes
prévue pour mon temps sabbatique à Toronto à partir de novembre !
2 - La barque
Cette image marine que j’aime tant, première image de l’Eglise dans
l’Evangile, m’habite même si je n’ai pas encore eu le temps d’aller voir la mer
depuis que je suis à Rome ! Dans cette « société liquide », ce monde mouvant où
naviguent les jeunes, nous expérimentons ici que sommes ensemble dans la barque
à traverser tempêtes et calme plat. Jeunes, éducateurs/formateurs, évêques,
Pape ; laïques, prêtres, consacrés, évêques ; pères synodaux, experts,
auditeurs, collaborateurs au service de la bonne marche du synode… tous nous
sommes de et dans cette église, corps du Christ qui se donne à voir et entendre
de manière forte au synode dans sa dimension collégiale et universelle.
Mais bien plus largement nous nous sentons très fortement reliés à toute
l’Eglise et portés par la prière de bien des chrétiens. Au synode, nous voyons
et entendons une Eglise au cœur du monde, proche des gens, plongée dans leurs
réalités, tant les prises de parole sont situées, incarnées, pétries des
réalités sociales, économiques et politiques des régions d’où viennent ceux qui
prennent la parole. Au synode on retrouve la planète en miniature, on touche du
doigt de manière très concrete la dimension internationale incroyable de
l’Eglise. On passe sans cesse d’un pays à l’autre, d’une langue à l’autre, d’un
continent à l’autre, d’un accent à l’autre… on perçoit bien sûr assez vite les différences
d’approches et d’expression en fonction des cultures, des situations
socio-politiques et ecclésiales… Et pourtant on échange facilement, on se sent
d’emblée proches, d’une même humanité, d’une même église, frères et sœurs dans
la même barque avec le Christ appelés à traverser ensemble vers l’autre rive.
3 - Le latin et le smartphone
Au synode, on touche du doigt ce qu’est la tradition créative de l’Eglise
en marche vers l’avenir mais enracinée dans une longue histoire … Le temps de
Rome n’est pas celui de twitter ! Mais les homes et les femmes qui participent
à cette rencontre sont bien de ce temps ! Ainsi on passe allégrement du latin
au smartphone, du stylo à l’ordinateur, de la prière de l’angélus qui termine
toutes nos sessions à la danse hip-hop de la rencontre d’hier avec les jeunes,
d’un protocole vaticanesque bien huilé à la spontanéité des discussions qui
finissent en selfie ou vidéo ! Par exemple, pour pouvoir intervenir une fois 4’
en plénière il faut remplir sa « postulatio loquendi » en latin mais quand
vient le tour de s’exprimer on bénéficie de la plus haute technologie qui
permet de voir sur l’écran le nom et le visage de celui qui parle depuis sa
place !
Et puis pour voter « placet » ou « non placet » les évêques ont un appareil électronique à côté de leur siège qui permet aussi d’enregistrer les présences à chaque début de séance. Par ailleurs, dans leurs soutanes filetées bien repassées, les évêques ont tous leur smartphone et ne manquent pas de l’utiliser! Plusieurs prennent aussi leurs notes sur ordinateur ou tablette. Pour ma part, j’ai fait le choix de retrouver crayon et papier dans les congrégations générales mais de taper mes notes à l’ordinateur dans mon groupe de travail intitulé « Circulus anglicus » ! Et je songe à vous écrire mon prochain post facebook en latin.
Et puis pour voter « placet » ou « non placet » les évêques ont un appareil électronique à côté de leur siège qui permet aussi d’enregistrer les présences à chaque début de séance. Par ailleurs, dans leurs soutanes filetées bien repassées, les évêques ont tous leur smartphone et ne manquent pas de l’utiliser! Plusieurs prennent aussi leurs notes sur ordinateur ou tablette. Pour ma part, j’ai fait le choix de retrouver crayon et papier dans les congrégations générales mais de taper mes notes à l’ordinateur dans mon groupe de travail intitulé « Circulus anglicus » ! Et je songe à vous écrire mon prochain post facebook en latin.
Sr Nathalie BECQUART, Xavière
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